Insights Header image
Insights Header image
Insights Header image

Qualification d’un usage au plan municipal : rappel des balises applicables

10 février 2023 Bulletin sur l'environnement Lecture de 3 min

Une récente décision de la Cour d’appel du Québec[1] rappelle certaines balises permettant de rattacher les activités réalisées sur un site donné à une classe d’usage au sens de la règlementation municipale.

Dans cette affaire, une entreprise et la municipalité de Saint-Apollinaire étaient en désaccord sur la qualification à donner à l’usage ayant cours sur le site de l’entreprise. La municipalité prétendait qu’il s’agissait d’un usage « Récupération et triage de produits divers » alors que l’entreprise prétendait qu’il s’agissait d’un usage « Vente de gros métaux et minéraux (excepté les produits du pétrole et les rebuts) ».

Or, cette qualification était déterminante pour l’entreprise, car une autre entreprise exerçait déjà des activités dont l’usage était qualifié de « Récupération et triage de produits divers » et un seul usage de cette classe était permis dans la zone concernée.

La Cour d’appel a rejeté la conclusion du juge de première instance qui avait donné raison à l’entreprise et, principalement sur la base de sa propre jurisprudence, a rappelé la démarche à suivre pour qualifier les activités sur un site donné:

« […] le Tribunal aurait dû procéder à « […] la cueillette des faits et ensuite leur examen en regard de la classification des usages prévue au règlement de zonage applicable ». Il lui fallait considérer l’ensemble de l’activité de l’entreprise et ne pas se limiter à son activité de « vente ». Ce faisant, il aurait conclu que les métaux vendus par l’intimée sont des rebuts.

[…] Il n’est pas possible d’éviter, en l’espèce, de qualifier cette matière de « rebut ». Cela ne signifie pas que le rebut ne puisse pas avoir une valeur. D’ailleurs, plusieurs types de rebuts peuvent être revalorisés d’une manière ou de l’autre, incluant pour la production d’énergie, et la matière qu’ils contiennent peut avoir une certaine valeur économique.

[…] la classe d’usage ne peut dépendre de la valeur subjective qu’accorde une personne aux biens dont elle fait l’usage sur ses lots. Ce n’est pas parce qu’une entreprise accorde une valeur à un rebut ou un résidu que ses activités peuvent éviter la classification de récupération ou de gestion de matières résiduelles.

[…] c’est l’usage réel qui est fait du lot qui est déterminant pour classifier un usage dans une catégorie que prévoit un règlement de zonage, et non la destination finale des biens qui y sont utilisés. »

Un facteur important relevé dans la décision est que les contrats signés par l’entreprise opérant le site avec ses fournisseurs identifiaient tous la nature de ses services comme la disposition de rebuts.

Les conséquences pour l’entreprise furent significatives : la Cour d’appel lui a ordonné de cesser immédiatement ses activités de récupération et de triage sur le site en question, et de procéder à l’enlèvement de tous les biens qui y étaient entreposés.

Des questions similaires relatives à la qualification d’activités qui impliquent des matières résiduelles risquent de se poser à nouveau dans le contexte où l’on accorde une importance croissante à la valorisation de matières résiduelles comme alternative à leur enfouissement. En lien avec de tels projets de valorisation, il sera souhaitable que les municipalités fassent preuve d’ouverture quant aux modifications de zonage qui pourraient être requises pour accueillir ces activités, qui s’inscrivent dans l’économie circulaire. Par ailleurs, cette décision illustre le pouvoir exercé par certaines municipalités de limiter, dans une zone donnée, le nombre d’entreprises pouvant exercer un usage donné.

[1] Municipalité de Saint-Apollinaire c. 6669174 Canada inc. 2023 QCCA 30

par Martin Thiboutot

Mise en garde 

Le contenu du présent document ne fournit qu’un aperçu du sujet et ne saurait en aucun cas être interprété comme des conseils juridiques. Le lecteur ne doit pas se fonder uniquement sur ce document pour prendre une décision, mais devrait plutôt obtenir des conseils juridiques précis.

© McMillan S.E.N.C.R.L., s.r.l. 2023

Perspectives (5 Posts)Voir Plus

Featured Insight

Attention : mise à jour des lignes directrices concernant les exigences de déclaration dans les chaînes d’approvisionnement

Sécurité publique Canada a publié une mise à jour des Lignes directrices pour les entités afin de les clarifier et d’aborder des questions relatives aux exigences de déclaration sur le travail forcé et le travail des enfants en 2025.

Lire plus
29 Nov, 2024
Featured Insight

Soyez prêts : le rajustement des frais de l’OPIC entrera en vigueur le 1er janvier 2025

Les frais gouvernementaux de l’OPIC vont augmenter en 2025. Si cela est possible, il sera souhaitable de prendre les mesures appropriées avant l’entrée en vigueur de ce rajustement.

Lire plus
29 Nov, 2024
Featured Insight

Santé Canada a mis à jour sa liste des interdictions générales en y ajoutant les piles au lithium-ion et d’autres produits identifiés comme dangers préoccupants

Santé Canada a récemment ajouté trois catégories de produits de consommation aux dangers préoccupants à la liste des interdictions générales prévues par la Loi canadienne sur la sécurité des produits de consommation.

Lire plus
29 Nov, 2024
Featured Insight

Droit de l’environnement et réaménagement des friches industrielles : questions juridiques importantes et solutions

Joignez-vous à McMillan le jeudi 5 décembre prochain pour un webinaire présenté en anglais sur le droit de l’environnement durant lequel nous discuterons de questions importantes en matière de réaménagement des friches industrielles au Canada.

Détails
Jeudi 5 décembre 2024